Paris Retail Week était partenaire de la NRFrench Party, qui a eu lieu à New York le 15 janvier dernier. Les retailers, e-commerçants et une sélection de start-ups françaises et américaines qui innovent dans le retail se sont retrouvées lors de cette soirée pour échanger sur les tendances et les innovations qui façonnent l'avenir du retail. Cette soirée 100% retail était co-organisée par Laurent Houitte et Mike Hadjadj, co-fondateurs de Log on Experience & Iloveretail.fr, et Catherine Barba, fondatrice du PEPS* Lab, Centre d'Innovations Retail à New York.
Catherine Barba nous livre son retour d'expérience et dresse un parallèle de l'innovation retail entre la France et les Etats-Unis.
Catherine Barba, fondatrice du PEPS* Lab, Centre d'Innovations Retail à New York
Comment qualifieriez-vous l’écosystème digital à New York ?
Il est particulièrement dynamique. Je rencontre beaucoup de startups, américaines ou françaises, qui développent des services et des modèles de rupture pour le retail.
Diriez-vous qu’on fait plus facilement confiance à une nouvelle idée aux USA qu’en France ?
Une idée nouvelle ne se transforme en création de valeur que si elle est bien exécutée. L’innovation prend corps dans l’action. Or ici, je l’observe chaque jour, on est au pays de « Do-ers », de « Makers », pour qui « Nothing is a mistake, there is no win and no fail, there is only MAKE (rien n’est erreur, il n’y a pas de victoire ni de défaite, il faut juste FAIRE) ». Les américains ont une extraordinaire prédisposition culturelle à l'entrepreneuriat et à l'innovation. C’est le culte de l'action, la culture du résultat, le pragmatisme, l’acceptation de l’échec, la confiance en soi et en l'avenir.
Chacun dans l’entreprise doit être capable de formuler clairement en quoi le digital transforme sa chaîne de valeur.
La France est en train de se transformer en véritable « Startup factory », et de plus en plus de jeunes y portent ce bel état d’esprit des entrepreneurs. Grâce aux récentes levées de fonds records de nos pépites nationales (200 millions pour Blablacar, 100 millions pour Sigfox, 33 millions pour Vestiaire Collective, 31 millions pour Prêt d’Union) ou au formidable rachat de Leetchi par Crédit Mutuel Arkea, la confiance dans les idées nouvelles est en train de grandir.
Les Etats-Unis sont-ils un territoire plus propice aux innovations dans le domaine du commerce connecté que la France ?
En matière de commerce, comme dans tout autre domaine, les Etats-Unis restent les champions de l’innovation. Le dynamisme américain en la matière repose sur des assises culturelles, financières et économiques que je mesure avec encore plus d’acuité maintenant que j’y réside. Deux différences majeures avec la France me frappent particulièrement. Premièrement, la puissance de financement de l’innovation par les business angels et le capital risque : ici, lever 20 millions de dollars pour une start-up ne relève pas de l’exception. La deuxième concerne la fluidité des interactions entre les acteurs de l'innovation. Le monde académique, le secteur privé et le public se connaissent bien, parlent la même langue et travaillent bien ensemble.
Les entreprises qui ne savent pas évoluer sont-elles condamnées à disparaître ?
A l’heure du digital, toutes les entreprises doivent se réinventer. Et cette transformation ne commence vraiment que lorsque le PDG considère que le digital est sa priorité numéro un. Si ce n’est pas le cas, il n’est pas l’homme (ou la femme) de la situation. Un dirigeant doit être capable de prendre cette transformation à bras le corps, d’investir, de faire comprendre à chacun de ses collaborateurs qu’il en va d’une transformation individuelle de tous, qu’ils soient 3 ou 50 000. Chacun dans l’entreprise doit être capable de formuler clairement en quoi le digital transforme sa chaîne de valeur, ses clients, son métier, et se sentir libre de prendre des initiatives pour travailler autrement, dans le respect de ses clients. Les dirigeants qui n’ont pas encore pris la juste mesure de ce bouleversement et qui ne passent pas à l’action en prenant des décisions radicales seront en effet, je le crains, les fossoyeurs de leurs entreprises.
Catherine Barba est une pionnière du Web. Entrepreneuse, business angel, conférencière et organisatrice d'événements, elle est basée à New York depuis 2015 où elle développe deux activités : le PEPS* Lab, l’observatoire de l’innovation retail destiné aux marques françaises, et le Women in Innovation Forum, l'événement annuel qui a pour mission d'encourager les femmes à oser, diriger, entreprendre et être moteurs de l'innovation dans tous les secteurs.
* Plein d'Expériences pour se Réinventer.